Kel - Andrea Schwartz

Je remercie Andrea Schwartz et les éditions Rebelle pour ce service presse que je me suis empressée de découvrir ! 

Résumé

" A l’aube de la Cinquième Ere, les Deux Empires sont une fois de plus au bord de la guerre. Shelun la Cheveux-Noirs a perdu toute sa famille dans un raid ennemi. Née femme dans un monde dominé par les hommes, elle n’hésite pas à transgresser les interdits et à se travestir pour accomplir sa vengeance. Or, la guerre est loin d’être la glorieuse aventure décrite dans les cantiques. Quant aux ennemis, ils ne sont peut-être pas tous les monstres qu’elle avait imaginés… "

Mon avis

J'avais vu ce roman passer sur Bookstagram il y a quelques temps et il se trouvait en haut de ma wishlist. J'ai eu la chance de pouvoir le recevoir en Service presse et je considère cela comme un véritable honneur ! Il s'agit d'une saga prévue en cinq tomes. Quatre tomes sont déjà sortis, le premier ayant été publié en 2013. Il s'agit d'une série où l'héroïne, afin de venger sa famille, morte, va partir au combat en se faisant passer pour un homme. Si la ressemblance avec le conte de Mulan peut alors apparaître, la ressemblance s'arrête ici à mes yeux. Je ne veux pas spoiler, mais je préfère spécifier qu'il y a aussi de la romance. De plus, le roman est conseillé à un public averti, c'est-à-dire, à partir de 18 ans (mais à partir de 16 ans cela irait aussi je pense). Dans tous les cas, j'ai réellement été transportée par tous ces éléments, ayant eu un énorme coup de cœur pour ce roman. Je savais qu'il me plairait, mais franchement, pas à ce point ! 

Shelun, enfant, a vu ses parents tués par des Kel'Yon. Elle vit dans un monde où les Deux-Peuples se font la guerre depuis des décennies. Ainsi, les Kel'Yon et les Kel'Bai, clan de Shelun, s'opposent et se détruisent mutuellement. Orpheline, Shelun va être recueillie par un Sang-mêlé, Ieran, né de parents respectivement Kel'Yon et Kel'Bai. Devenue une jeune femme, elle apprend que l'armée recrute dans son village mais que, en tant que femme, elle ne peut s'engager. Cela ne va toutefois pas l'empêcher de rejoindre la garde impériale, mais elle sera obligé de se travestir en homme. En effet, Shelun évolue dans un monde fortement patriarcal et le sexisme envers les femmes est ambiant. C'est en ce sens que ce roman est cité en tant qu'une réécriture de Mulan, mais les enjeux en divergent complètement. Déjà, la guerre dans laquelle s'engage Shelun semble infinie et interminable : elle était là depuis bien longtemps, implantée dans les mœurs, et il ne semble pas y avoir d'issue possible pour en finir, malgré tout l'héroïsme dont veut preuve notre héroïne.

" Votre but, notre but, le but des Deux-Empereurs étaient d'éliminer physiquement ce peuple, jusqu'au dernier nourrisson. " 

Parlons alors de Shelun : il s'agit, comme vous pouvez vous le figurer, d'une femme forte et indépendante, incarnant l'image d'un espoir, d'un changement possible, et d'une force d'esprit indétrônable. Mais il ne s'agit pas d'une super-héroïne, elle reste humaine et, en ce sens, attachante. Shelun est en accord avec les mœurs de son univers et de son époque, elle a un profond respect des traditions et peut parfois émettre des pensées rétrogrades. Elle désobéit toutefois énormément à cela en se travestissant en homme et en se rapprochant au fur et à mesure des Kel'Yon. Son principal défaut est qu'elle est bornée - quand elle a une idée en tête, elle ne veut pas s'en défaire. Ce caractère de têtue peut agacer quelque peu le lecteur - ses actions sont souvent folles, impulsives, mais finalement, réalistes. Elle écoute, la majorité, ses sentiments, et cela nous plonge dans un roman empli d'émotions vives et précises. 

" Shelun s'étonna vaguement de ne rien ressentir alors qu'on venait de lui apprendre que quelqu'un allait peut-être perdre la vie par sa faute. Mais après tout, combien avaient perdu la vie par sa faute ... " 

Ce roman m'a vraiment touché et je me suis retrouvée à verser des larmes plus d'une fois. Je suis assez sensible face à des films, je pleure facilement, mais en lisant, cela est généralement plus compliqué. Il faut que les mots de l'auteur me prenne par les tripes, me poigne pour que je puisse être réellement émue. Cela a été ici le cas - la beauté de certaines intrigues, les messages transmis, la beauté de la plume m'ont réellement transportée et m'ont émue aux larmes. C'est ici que je me suis dit qu'il s'agissait d'un vrai coup de cœur et d'un merveilleux roman. Je le rangerais facilement dans mon top dix de mes meilleures lectures ! L'émotion est contrebalancée avec des scènes d'apaisement où l'humour est souvent présent, comme vous pouvez le voir dans la citation ci-dessous. De plus, on se retrouve souvent face à des scènes de tension où l'on va être réellement happé par le roman à travers des descriptions approfondies de batailles et de combats. Le tout est très bien développé et on ne s'ennuie pas une fois malgré le grand nombre de combats où Shelun participe activement. 

" - Tu avais promis que si je m'acquittais de mes corvées ... J'ai même nettoyé ta lance ... 

- Peut-être n'as-tu pas nettoyé la lance dont je parlais. " 

L'intrigue peut être légèrement difficile à suivre au début - on se retrouve d'abord perdu dans tous les noms que l'on doit retenir assez vite, il faut aussi comprendre les enjeux militaires et politiques ... Mais tout cela est finalement bien expliqué et rappelé au fur et à mesure du roman pour ne pas perdre le lecteur. Les noms peuvent être parfois difficiles à retenir, certes, puisqu'ils relèvent de phonétiques et consonantiques asiatiques que je connais pas forcément et qui diffèrent de ce que j'ai l'habitude d'entendre. Mais encore une fois, on s'habitue, et cela permet de nous transporter dans l'univers dépeint par l'autrice, qui s'inspire de la culture asiatique et de ses contes. J'ai eu l'impression par exemple de retrouver un concept bien connu de la philosophie chinoise : le Yin et le Yang. Pour m'expliquer, le clan de Shelun les Kel'Bai ont les cheveux noirs, tandis que les Kel'Yon ont les cheveux blancs. Ils s'opposent par la guerre que mènent les deux empereurs mais il est spécifié dès le début qu'ils se rassemblent puisqu'ils parlent la même langue, chantent pour leurs empereurs les mêmes hymnes et ont une danse commune. Si un peuple est décrit par l'autre comme cruel, qu'ils semblent différer en tout point, ils se rassemblent toutefois et sont complémentaires mais se détruisent à travers la guerre. Ce n'est qu'à travers l'union, notamment charnelle et amoureuse, de deux êtres que cette complémentarité semble pouvoir s'affirmer. 

" C'est que tes parents sont morts, que les lames étaient kel'yons et que ton Empereur entretient la haine à notre égard. Je ne le blâme pas, dit-il comme elle se redressait, furieuse. Amanda a la même politique. Vous êtes nos ennemis héréditaires. Chacun doit se souvenir qu'il faut haïr l'autre pour ne pas pas être détruit par lui. " 

J'avoue que je ne m'attendais pas spécialement à retrouver de la romance dans ce roman. Je n'en parlerais que très peu par peur de spoiler. Je n'aime pas lire de la romance pure et dure en tant que genre - cela m'arrive quelques fois mais il ne s'agira jamais de mon genre de prédilection. Toutefois, quand je lis un roman du genre de l'imaginaire, j'apprécie que le récit soit agrémenté par une romance - je sais que cela n'est pas le cas de tout le monde, mais cela permet généralement de me faire accrocher davantage à l'histoire, si, bien évidemment, cela reste crédible et touchant. J'ai ici été amplement satisfaite par la relation entre les deux personnages. Shelun va entrer de son plein gré dans une relation interdite par son peuple, mais aussi par elle-même. En aimant l'ennemi, elle fait face à tout ce qu'elle comptait anéantir, et détester à jamais. En outre, cela participe à l'émotion du roman et à l'évolution de Shelun qui va devoir apprendre que tout est à contraster - ce n'est pas parce que les Kel'yon ont tué ses parents qu'ils sont forcément tous mauvais. 

" Ces sensations nouvelles, tourbillonnantes, grisantes ... Une clochette d'alarme tintait bien quelque part dans sa tête. C'était un Kel'yon qui la tenait dans ses bras, un mâle. " 

En outre, vous aurez compris qu'il s'agit là d'un immense coup de cœur. Un récit héroïque, où une jeune femme se travestit en homme afin d'assouvir sa soif de vengeance, une relation interdite qui va lui permettre de reconsidérer les choses et d'évoluer grandement, un récit touchant, mené par une plume envoûtante. Je vous le conseille à 200000% (ou plutôt à infini % mais ça ne se dit pas vraiment). 

Ma note

❤❤❤❤❤

Kel par Andrea Schwartz publié chez Rebelle éditions le 20 février 2013;

23€90, 520 pages.

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