Mojunsha - Sara Pintado

Merci aux éditions Noir d'absinthe pour ce superbe service presse ! 

Résumé

" Plus de huit cents ans après la chute des Rois-Panthères, les Kunji constituent la caste la plus méprisée du Royaume Mojun. Leurs tentatives pour renverser la dynastie des Mojunsha se sont toutes soldées par des échecs.

Japsaro, descendant des Rois-Panthères, passe un pacte terrible avec Panthère-des-ténèbres, l’un des Avatars du Grand Dieu, afin de rendre aux Kunji leur prestige d’antan. Est-il cependant prêt à tous les sacrifices que lui demande Panthère-des-ténèbres en échange de son soutien ? Et surtout, sert-il vraiment sa cause ou n’est-il qu’un pion dans les luttes des Avatars du Grand Dieu ? "

Prix : 2€99 en e-book !

Pages : 532 pages  

Catégories : Fantasy, Oriental, Guerre

Mon avis

Quand Dorian m'a présenté ce service presse, je l'ai de suite accepté, en lisant dans son message les mots " saga de fantasy " et " accents orientaux ". Evidemment, j'ai aussi lu le résumé, qui m'a charmé, et qui a même surpassé mes attentes. Je m'attendais un premier temps à être perdu dans ma lecture en lisant déjà tous les termes exotiques de la quatrième de couverture. Je ne peux que l'avouer, cela a été le cas, le début est immersif mais il est difficile pour le lecteur de ne pas se perdre entre tous les noms de personnages, d'autant plus qu'ils diffèrent de ce que l'on connaît en prénoms occidentalisés. Il ne s'agit toutefois pas de quelque chose de négatif contrairement à d'autres chroniques car cela permet ensuite une immersion intense dans l'univers tracé par l'autrice. L'imprégnation de la culture orientale se retrouve dans ses grandes formes, et cela passe tout d'abord par les noms. De plus, on peut être perdu du fait qu'il y ait beaucoup de personnages, un peu comme dans Le trône de Fer (je prends l'exemple que tout le monde connaît même si d'autres romans fonctionnent ainsi). Ainsi, de la même manière que cette saga mémorable, les points de vue des personnages de Mojunsha s'alternent par fragments.

Je n'ai finalement pas eu tant de difficultés à suivre l'intrigue malgré le fait que j'ai pu être perdue dans cette myriade de personnages. L'autrice réussit à nous rappeler, vraiment subtilement, à chaque fois, quel personnage est lequel, car elle leur a créé, à tous, une identité profonde, un but et une intrigue propre. Par conséquent, il n'y a pas de points de vue vide, fantôme, et aucun arrêt dans le déroulé de l'histoire. En bref, on ne s'ennuie jamais, du fait de l'alternance de point de vue et de la forte identité ancrée dans les personnages. Vous comprenez peu à peu que, pour moi, ce livre fait un sans-faute. 

" Le Roi du Nord viendra peut-être demain, et que fera Elephant pour préparer le Royaume à se défendre ? Rien. C'est moi qui devrais diriger les Avatars de la Clairière. " 

Vous avez sûrement compris, à travers mon blog, que je suis une grande fan de fantasy. Je m'intéresse à d'autres mais les genres de l'imaginaire restent mes chouchous, et sont ceux que je lis le plus. Mais voilà, il ne s'agit pas qu'une histoire nous assaille avec énormément de magie ou de sorts pour me combler. Il faut que le concept de magie/pouvoir soit, déjà, innovant, mais soit surtout accompagné d'une intrigue crédible et réaliste. Ici, c'est totalement le cas : aux pouvoirs des personnages se mêlent une intrigue politique bien ficelée avec les enjeux de pouvoir, les jeux de la cour et les obligations des plus hautes castes, mais aussi des injustices envers les plus basses. Pour appuyer le côté réaliste, il n'y a pas de manichéisme, on ne retrouve pas un méchant cliché qui agirait simplement pour être méchant, mais un antagoniste profond qui se mêle à d'autres problèmes extérieurs. Les personnages de la cour principale ne sont pas non plus des anges, bien au contraire. Le Mojunsha, le dirigeant du Royaume que l'on suit principalement, est au départ, assez utopiste, mais se ternit au fur et à mesure et devient un dirigeant politique comme un autre, qui doit faire des choix, parfois cruels, pour protéger son Royaume. Finalement, on ne peut prendre parti pour un camp, pour un personnage, mis à part pour les enfants qui restent eux, doués d'insouciance.

" Pourquoi faut-il que nous nous entretuions, faut-il que nous détruisions des forêts, des villes, notre pays, la terre qui nous nourrit ? Pourquoi transformer en cendres tant de beauté, pourquoi détruire la vie ? Je ne comprends pas ! " 

Les pouvoirs, quant à eux, ne sont pas non plus entièrement à envier. J'aime quand la fantasy met en scène des pouvoirs ayant des répercussions sur les hommes qui les utilisent - ils ne peuvent les utiliser sans conséquence, et cela rajoute toujours une dose de réalisme à l'intrigue. Ici, les humains peuvent acquérir des pouvoirs en étant sous la protection d'Avatars. Les Avatars sont des partis détachées du grand Dieu, imposant sa volonté sur le monde terrestre. Ces Avatars apparaissent sous la forme d'animaux, qui s'apprécient ou qui sont eux-mêmes en conflits. J'ai trouvé le concept vraiment intéressant, innovant, et c'était tellement agréable à suivre ! Ils ont tous un rôle et leurs caractères respectifs. Ils tentent de rester omniscients et de respecter une certaine objectivité auprès des humains, si bien qu'ils peuvent nous sembler cruels. Leurs pouvoirs ne sont en soit pas toujours réjouissants, par exemple, Panthère-des-ténèbres peut téléporter un humain en échange d'âmes (en tuant un ou plus de personnes). Les Avatars sont alors craints et admirés à la fois. L'autrice a réussi à construire une véritable mythologie autour d'eux, en nous décrivant parfaitement les faits et leurs histoires, sans que cela n'alourdisse l'intrigue. Cela est rendu possible par sa plume qui sait alterner avec précaution les moments de dialogue/de description, et les moments de tensions/relâchements. Ainsi, le Mojunsha ne parlera pas de politique pendant des pages et des pages, cela sera toujours contrasté avec autre chose pour laisser au lecteur le temps d'assimiler les faits.

" Tu ne crois pas sincèrement que le Grand Dieu cautionne une telle injustice ? Pourquoi a-t-il donné une faculté de réflexion et de compréhension aux femmes, si elles n'ont pas le droit d'étudier ? " 

Pour finir, j'aimerais souligner que les relations entre personnages sont vraiment parfaites dans ce roman. Il n'y a pas vraiment de romance. En soit, il y a des couples, certains sont ensemble pour des raisons d'arrangements, d'autres s'aiment, mais les sentiments ne sont jamais trop dévoilés ou ne prennent qu'une mineure partie de l'intrigue. De plus, l'autrice réussit à nous dépeindre un monde où les femmes sont toujours moins considérées que les hommes, mais rappelle au fur et à mesure que ce n'est pas normal et que certaines choses n'ont pas à être justifiées ou subites. Et c'est clairement une des choses qui m'a le plus plu : combien de fois ai-je lu des romans de guerre/fantasy/ou autre qui nous décrivaient des femmes dans une servitude absolue, sans que l'auteur ne vienne contraster ses propos subtilement en rappelant à travers un dialogue bien mené que cette condition n'est pas normale ? Beaucoup trop de fois. Ici, cela est fait franchement subtilement. Mon personnage préféré a d'ailleurs été Neyro, participant activant à la guerre puisqu'elle gouverne l'armée du Mojunsha.

" En tant que prince du Royaum mojun, je ne souffrirai pas que vous rabaissiez nos femmes d'armes avec vos insinuations dégradantes. " 

En outre, ce roman a été un vrai coup de coeur, que ce soit au niveau de l'intrigue, de la fantasy, des personnages, du côté oriental de l'univers, des conflits, des enjeux politiques, des personnages, des relations, des messages transmis et de la plume. C'est une entière recommandation que je vous fais là, comme vous pouvez le comprendre à la taille de ma chronique ! 

Ma note

❤❤❤❤❤

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