Tortues à l’infini – John Green
2017 / 352 pages / 21€ (grand format)
« Le problème avec une spirale, c'est que si on se laisse prendre à l'intérieur, ça ne s'arrête jamais. Elle continue de se resserrer à l'infini. »
Je
n’ai pas acheté le nouveau roman de John Green à sa sortie
initiale. Le résumé ne m’avait pas du tout convaincu et je l’ai
donc délaissé très rapidement. Mais je l’ai trouvé à la
bibliothèque de ma ville et je me suis dit qu’il serait peut-être
temps que je le lise (et surtout, je me suis dit que c’était un
miracle que ma bibliothèque ait un nouveau livre si rapidement).
Finalement, je ne suis pas déçue de ma lecture, mais j'ai eu un avis mitigé.
- Résumé -
- Mon avis -
Si
je ne tenais compte que de mon ressenti final, je dirais que j’ai
adoré ce roman. Mais je ne serais pas très objective.
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En premier, mes avis ULTRA POSITIFS sur le roman |
J’ai
vraiment aimé retrouver la plume de John Green que
j’aime très très fortement. Il faut savoir que j'ai découvert cet auteur très jeune, avec Nos étoiles contraires, bien
avant que le roman ne devienne un succès mondial grâce au film. Le
style inédit, personnel et assez décalé que j’ai ressenti dans
cette première lecture me donne toujours envie de me plonger dans
ses histoire. Et ce qui est bien, c’est qu’on retrouve de nouveau cette plume à
chacun de ses nouveaux romans. Je ne suis jamais dépaysée avec son
écriture, mais ce n’est absolument pas un problème.
Comme
d’habitude, on retrouve une histoire assez romantisée, qui peut
sembler irréaliste avec des faits jouant surtout sur le hasard. Mais, comme d’habitude, John Green ne s’arrête pas là. Il mêle le
hasard amenant à divers situations à la réalité qui n’est pas
toujours rose. Dans Tortues à l’infini, Aza connaît, comme
par hasard, le fils du célèbre milliardaire qui a soudainement
disparu. Le fils, Davis, la reconnaît très facilement et ne peut plus se passer
d’elle. Mais à cela John Green nous dévoile les craintes d’Aza,
sa solitude infinie depuis la mort de son père, son introspection
continue sur elle-même et sur son corps, son problème avec les
maladies et les bactéries…
Comment nouer des relations lorsque l'on
se sent si différente des autres ? Comment passer outre une
maladie qui nous ronge sans cesse ? Voici ce que se demande Aza
tout au long du roman. John Green décrit à la perfection les états
d’esprits hasardeux de notre héroïne et de son problème à se
confronter à la vie réelle. Il évoque souvent ses introspections
et ses problèmes de dépersonnalisations. A travers un discours à
l’indirect libre, John Green confronte parfois Aza à son
« monstre » intérieur, celui qui lui dicte ce qu’elle
doit faire, ce qu’elle doit penser, celui qui la fait sentir
répugnante. Ces moments m’ont rendus presque nauséeuse tellement
le malaise intérieur d’Aza est prenant et réaliste. On ressent
réellement ses émotions et on se dit que cette maladie doit être
horrible à vivre. Voilà ce que réussit John Green : nous
faire comprendre en profondeur les problèmes psychiatriques.
De
plus, il confronte la maladie au monde extérieur. La mère d’Aza
lui demande sans cesse si elle va mieux, Daisy en veut à sa
meilleure amie d’être « bizarre », tandis que Davis
tente de comprendre tant bien que mal ce qu’il se passe pour
qu’elle se sente comme ça. John Green dévoile avec perfection
l’incompréhension de l’entourage face à une maladie
psychiatrique. Mais pourtant, il ne forme pas un discours haineux
autour des autres personnages, de ceux qui ne comprennent pas Aza. Il
montre que, d’un regard extérieur, tout cela peut sembler très
étrange. Même Aza le remarque et n’en veut pas à son entourage. Et puis, tous les personnages continuent de la soutenir patiemment, généralement.
Du coup, on a une véritable explication sur les maladies
psychiatriques. Et je trouve ça super important d’en parler, alors
je ne peux qu’applaudir John Green de s’y intéresser.
J’ai
aussi vraiment aimé la relation entre Aza et Davis. On voit deux
personnages détruits par différents problèmes, et tous les deux
orphelins d’un père. Ils sont meurtris, mais ils arrivent à
développer des sentiments l’un pour l’autre de manière
progressive. Derrière cette romance, le personnage de Daisy, la
meilleure amie d’Aza, est aussi attachant. Elle n’arrête pas de
parler et est très spéciale, et c’est ce qu’on aime chez John
Green : des personnages un peu fous, toujours avec des nouvelles
idées en tête, à imaginer par exemple une histoire d’amour entre
Rey et Chewbacca dans une fanfiction Star Wars (d’ailleurs, je suis
du côté de ceux qui pensent qu’il s’agit de zoophilie, mais
chut).
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Mais cette lecture a tout de même été problématique |
Mais
alors, où est le problème de ce livre d’après moi ? Eh bien, ça ne tient que d’une chose : l’histoire principale,
le pilier. Oui, le roman m’a touché, les personnages étaient
attachants, la plume est magnifique. Mais je n’ai pas apprécié
l’histoire. On ne sait pas trop où John Green veut en venir avec
ce père milliardaire disparu. Il ne s’agit que d’un prétexte
pour montrer l’évolution d’Aza et de Davis, et je trouve ça
bien dommage. J’aurais presque préféré qu’il n’y ait pas
cette sorte d’enquête sur la disparition, qui n’a finalement
lieu qu’au début et à la fin du roman… C’est pourquoi le
début du livre m’a profondément déçu. Je n’étais pas du tout
emballé car les personnages ne faisaient que mener cette enquête
qui n’avait, à mes yeux, ni queue ni tête.
Comme
à son habitude, John Green arrive parfaitement à retranscrire les
préoccupations et problèmes majeurs des adolescents. Dans Tortues
à l’infini, il réussit à décrire, de plus, les méandres
des maladies psychiatriques. Toutefois, j’ai trouvé l’intrigue
principal mal menée et décousue.
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