Girls of paper and fire - Natasha Ngan

Lecture en anglais.

Résumé

" Lei est une fille de papier, ce qui signifie que, contrairement à la majorité de la population, elle ne possède aucun pouvoir. Malgré elle, Lei va être sélectionnée avec huit autres filles de papier afin de servir le roi ... sexuellement parlant. " 

/!\ Public averti : ce livre contient de la violence et des scènes d’abus sexuels. 

Mon avis

Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit de chronique ici - j’avoue avoir moins l’envie en ce moment. Mais là, il fallait absolument que je vous parle de ce gros bijou littéraire. Je crois que ce livre atterrit tout droit dans mon top cinq de livres favoris ... Oui rien que ça. Bon, la liste évolue assez souvent depuis mon arrivée sur bookstagram, mais vous voyez le principe - j'ai a-d-o-r-é. Tout d’abord, il s’agit d’un roman seulement paru en anglais - mais sachez qu’il est facile à lire avec un niveau moyen. Les termes sont faciles et l’action s’enchaîne rapidement, aidant à la compréhension du récit.

Mais d’abord, de quoi ça cause ? Je vous ai fait un résumé rapide pour vous mettre dans le contexte. Le monde de ce livre est divisé en trois castes : « Paper caste », des humains, sans pouvoirs, les « steel caste », humains partiellement dotés de qualités animales et de démons, et les « Moon caste », des démons à la forme humanoïde.

« At night, the heavenly rulers dreamed of colors, and into the day those colors bled onto the earth, raining down onto the paper people and blessing them with the gifts of the gods. But in the fear, some of the paper people hid from the rain and so were left untouched. » 

Lei est une « paper girl » ce qui signifie qu’elle n’a aucun pouvoir - elle vit avec sa famille dans une campagne reculée, orpheline d’une mère qui s’est faite enlever par des démons lorsque Lei n’était qu’une enfant. Du jour au lendemain, sa vie bascule, puisque la garde royale revient dans sa ville natale pour l’emmener dans la cour royal. Lei ne maîtrise pas les manières de la cour, mais elle est amenée pour ses yeux dorés, donnant l’image d’une certaine forme de divinité. Du fait de cet attribut hors du commun et de sa beauté, Lei est amené à la cour - durant des semaines, forcée, elle va devoir apprendre les bonnes manières, mais surtout, apprendre à satisfaire le roi. Les Paper girls sont choisis par huit chaque année et servent exclusivement au plaisir du roi - toute relation avec un autre est gravement puni, et elles sont obligées de satisfaire tous ses désirs sous peine de mort. Lei ne craint pas tant pour sa propre mort que pour celle de sa famille - c’est pourquoi elle se bat avec force pour survivre dans cette cour cruelle. Elle incarne l’image d’une femme forte, mais aussi, la majorité du temps, brisée. 

« I’ve already prepared to dig the Demon King’s. The other is for the girl I used to be. »

Vous l’aurez compris, ce roman met grandement en avant les abus sexuels faits aux femmes. L’autrice y dénonce la façon dont on façonne les femmes comme des objets, des poupées servant seulement au plaisir des hommes. Si cela est moins présent dans notre société que dans ce livre, certaines scènes font tout de même échos avec notre monde actuel, avec notamment, la culture du viol. J’ai particulièrement apprécié et même pleuré en lisant les notes de l’autrice à la fin de son roman - elle rappelle que cette histoire est malheureusement représentative des expériences de nombreuses femmes. Elle laisse, de plus, des numéros et des liens pour les femmes victimes d’abus sexuels/de violence. Enfin, elle rappelle tout le long que Lei n'est pas plus courageuse que les autres filles - ce n'est pas parce qu'elle ose se soulever contre le roi que les autres qui ne le font pas sont des lâches, bien au contraire, elles gardent elles aussi une certaine force. 

« The story of the Paper Girls is one that is, sadly, representative of many women’s experiences. My own included. »

Au-delà de ça, le roman nous présente la façon dont huit filles, victimes d’abus majoritaires, vont cohabiter entre elles, en se soutenant, ou en se marchant clairement dessus. L’amitié est un thème récurent dans ce roman, et les coups bas réalisés par certaines « Paper girls » sont justifiables par la peur qui reste omniprésente dans ce lieu où elles ne sont vus, finalement, que comme des objets sexuels. 

« We might be Paper Girls, easily torn and written upon. The very title we’re given suggests that we are blank, waiting to be filled. But what the Demon King and his court do not understand is that paper is flammable.

And there is a fire catching among us. »

Cette fantasy est, enfin, à contrario des scènes d’abus sexuels, une histoire où l’héroïne découvre son corps et ses désirs. Rebutée par le roi pour qui elle n’a bien sûr aucun désir, abusant de son pouvoir sur elle et allant même jusqu’au viol, Lei réussit, après de nombreux traumatismes, à trouver l’amour et à vivre une relation où elle explore réellement sa sexualité, en tombant amoureuse d’une fille. Le contraste peut sembler très abrupt vu comme ça mais l’autrice réussit à mêler les deux relations - l’une abusive, cruelle, condamnable, l’autre passionnée, respectueuse, positive - avec brio, justesse et émotion.

Ma note

❤❤❤❤❤

Share: