Forbidden - Tabitha Suzuma

J'avoue avoir été intriguée par le résumé de ce roman, qui montre dès le début une relation incestueuse entre un frère et une soeur. Je voulais voir comment l'autrice allait réussir à traiter un sujet si épineux dans un roman caractérisé dans de la New Romance.

Résumé

" Il ne reste plus grand-chose de la famille Whiteley. Le père a refait sa vie à l'autre bout du monde, la mère essaie d'en faire autant. Elle dépense plus d'argent chaque mois en alcool et en fringues qu'en pension alimentaire pour ses cinq enfants. Dans la débâcle, les deux aînés, Maya et Lochan, seize et dix-sept ans, décident de prendre les choses en main. En effet, si les services sociaux s'en mêlent, ils seront séparés, placés dans des foyers aux quatre coins du pays. Luttant ensemble pour maintenir leur famille unie, ils partagent les mêmes joies et les mêmes peines. Mais peuvent-ils vraiment s'avouer ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre ? "

Mon avis

Soyons bien clairs : je ne pense pas que ce roman cherche à montrer l'inceste comme quelque chose de légitime, bien au contraire. L'autrice cherche à montrer deux adolescents, abandonnés par leur mère et leur père, et qui ne tiennent alors auprès de leurs plus jeunes frères et sœurs eux-même le rôle de parents. Leur relation se transforme alors en tant que couple qui devrait s'occuper de leur progéniture. Malgré cette psychologisation autour de l'intrigue, j'ai trouvé divers points assez dérangeants au cour de ma lecture. 

Abordons d'abord le positif : je trouve que la douleur se ressent grandement à travers les personnages. On sent à travers la narration la confrontation intérieure que subissent Maya et Lochan. Lochan, notamment, qui sait vraiment ce qui leur attend si ils sont découverts. Il met en garde Maya à de nombreuses reprises et est celui qui la repousse le plus. 

Quelque chose s'est brisé en moi. Je n'ai plus l'énergie nécessaire pour respirer correctement. Continuer de respirer, c'est continuer de vivre et donc de souffrir. Je n'en peux plus

Si la narration aurait pu être intéressante, je trouve que le tout a été mal agencé. En effet, on suit en alternance le point de vue de Maya puis de Lochan. Le problème est que je n'ai pas senti de réelle différence dans leur caractère / point de vue / façon de s'exprimer. Ils se ressemblent tellement tous les deux qu'un seul point de vue aurait finalement pu être intéressant, peut-être celui de Lochan car il est celui qui se pose le plus de question autour de cette relation très problématique.

Je refuse de laisser le monde extérieur nous condamner et détruire le plus beau jour de ma vie. Celui où j’ai embrassé le garçon qui hantait mes rêves depuis toujours. Sommes-nous condamnées à nous dissimuler derrières les portes closes et les rideaux tirés ?

Mais il y a deux gros problèmes à mes yeux. Je sais qu'on se trouve dans un drame, mais le ton était beaucoup trop mélodramatique à mes yeux. Mais surtout, si je trouve que la relation n'est pas montrée comme légitime par l'auteur, je l'ai toutefois trouvée trop romantisée. Elle n'est réellement que remise en cause à la fin, et pendant environ 300 pages, on se tape beaucoup de scènes sexuelles entre le frère et la soeur. L'autrice peut très bien montrer, pour approfondir l'inceste, que les deux personnages ont une relation charnelle entre eux. Toutefois, je ne vois pas l'intérêt de décrire entièrement cela au moins cinq fois. Certes, on comprend qu'elle veut montrer le désir interdit que ressentent les deux personnages et la façon dont ils veulent braver l'interdit au fur et à mesure. Toutefois, je ne pense pas que cela était réellement utile de décrire les actes dans les moindre détails. 

Et je t'aime, je t'aime tant que cela me tue. Pourtant, tout ce que je fais, c'est te repousser et te blesser, pour que ton amour se transforme en haine.

Enfin, une phrase m'a vraiment faite tiquer. Je n'ai pas relevé la citation exacte, mais, à un moment, Lochan annonce à sa soeur que s'il est surpris en train de lui faire l'amour par d'autres et qu'ils sont envoyés au poste de police, il sera directement considéré comme l'agresseur et Maya comme la victime si elle ne parle pas de relation consentante. Face à cela, Maya dit qu'il s'agit d'une chose sexiste car les femmes peuvent aussi violer les hommes. Je ne critique pas ce point-ci, il existe des cas de viol de femmes sur des hommes même si cela reste minoritaire. Je n'ai juste pas apprécié comment Maya remettait ça en cause et utilisait le terme "sexisme" pour qualifier cela premièrement. Je chipote, je chipote, mais je pense que dans une traduction (je n'ai pas regardé l'oeuvre original pour comparer), il faut bien choisir ces mots pour éviter d'adresser de mauvais messages. 

Je relèverais toutefois un dernier point avec la fin que j'ai bien aimé. Elle conclue bien le roman et, comme je l'ai stipulé plus tôt, permet de ne pas montrer cette relation comme quelque chose de bien ou de sain, bien au contraire. Toutefois, je ne noterais pas bien ce roman car, même si son intention n'est pas mauvaise et que l'on peut applaudir la bravoure d'une autrice de traiter d'un sujet aussi délicat, je n'ai vraiment pas été touchée par les personnages et je n'ai pas compris le message que le roman souhaitait nous apporter. 

Ma note

★★☆☆☆

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